Chapitre 3 : Les accidents barotraumatiques
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1. Définition

Un barotraumatisme est un accident dû à des variations de la pression de l'eau ou de l'air en plongée. Il peut survenir dans chaque organe contenant des gaz.


2. La surpression pulmonaire

Introduction

La surpression pulmonaire est l'un des accidents les plus graves qui guettent le plongeur. Il est provoqué par une dilatation excessive des poumons au cours de la remontée vers la surface.

Mécanisme de la surpression pulmonaire

Lors de la remontée, la pression ambiante diminue et l’air contenu dans les poumons augmente de volume d’après la loi de Boyle-Mariotte (voir ce chapitre). Si cet air en excès n’est pas expiré (par exemple si le plongeur bloque sa respiration), le volume des poumons va augmenter et, au-delà de leur extensibilité (moins de 10%), entraîner une rupture des alvéoles pulmonaires.

La surpression pulmonaire survient en général dans les dix derniers mètres et, contrairement aux accidents de décompression, elle est plus fréquente chez les débutants.

Formes de la surpression pulmonaire

On distingue deux formes cliniques de surpression pulmonaire:

- La forme pulmonaire pure:

Il y a rupture de la paroi alvéolaire. L'air pénètre dans la cavité pleurale et "décolle" le poumon de la plèvre: on parle de "pneumothorax". L'air peut aussi s'infiltrer dans d'autres organes: pneumomédiastin, pneumopéritoine, emphysème sous-cutané (causant des crépitements à la palpation du cou), etc.

- La forme encéphalique

L'irruption d'air ne se fait pas au niveau des tissus avoisinants mais dans les vaisseaux sanguins du poumon. Il passe par la veine pulmonaire, les cavités gauches du coeur et l'aorte, puis s'engouffre dans les artères carotides jusqu'au cerveau. Il s'ensuit une obstruction des vaisseaux sanguins irriguant le cerveau (embolie gazeuse cérébrale).

Symptômes de la surpression pulmonaire

Ils surviennent très précocement, généralement dans la première heure après la remontée, voire même déjà sous l’eau !

Dans la forme pulmonaire pure, on constate:
- Une oppression thoracique douloureuse, isolée dans les cas subaigus peu graves
- Une sensation de manque d'air avec inspiration difficile
- Une raucité de la voix
- Une toux sèche au début, puis avec expectoration saumonée (salive et sang) qui signe la rupture alvéolaire.
- Une accélération du pouls à 150 ou 200 par minute
- Une chute de tension
- La détresse respiratoire est la forme suraiguë (rare)

Dans la forme encéphalique, il peut y avoir:
- Un mal de tête (26%), des nausées (15%), des vertiges
- Des troubles de la parole (15%)
- Des troubles de la vue (23%) allant jusqu’à la cécité (amaurose)
- Une surdité brutale
- Une monoplégie (paralysie d'un membre)
- Une hémiplégie (paralysie d'une moitié du corps, celle opposée au coté du cerveau atteint)
- Une perte de connaissance (41%)
- Une crise convulsive (8%)
- Un arrêt de la respiration et du cœur

Nota bene: La surpression pulmonaire est souvent aggravée par un accident de décompression.

Traitement de la surpression pulmonaire

- Oxygène normobare
- Réanimation cardio-respiratoire (voir ce chapitre)
- Transfert urgent en milieu médical
- Drainage du pneumothorax
- Caisson de recompression

Prévention de la surpression pulmonaire

- Respecter les contre-indications médicales à la plongée : l’asthme (qui favorise la rétention d’air dans certaines zones des poumons) ainsi que l’emphysème et la bronchite chronique tabagique (qui fragilisent les alvéoles pulmonaires) !
- Contrôler sa flottabilité et maîtriser les autres circonstances favorisant une remontée " anormalement " rapide : essoufflement, panique, etc.
- Ne jamais bloquer sa respiration à la remontée
- Ne jamais alimenter en air comprimé un plongeur en apnée ou, en cas de nécessité absolue, l’accompagner dans sa remontée lente et en s’assurant qu’il respire.

Nota bene : La remontée sans embout ou à deux sur un embout seraient des exercices théoriquement utiles. Cependant, même lorsqu’ils sont effectués correctement, ils peuvent entraîner une surpression pulmonaire ! Ils ont été récemment interdits par la FFSSEM !

Conclusion

La surpression pulmonaire est un accident dont les conséquences sont souvent gravissimes, mais qui peut facilement être évité.


3. Les barotraumatismes de l'oreille

Bases anatomiques :

L'oreille comporte trois zones distinctes:

- l'oreille externe, en contact direct avec l'extérieur, formée du pavillon et du conduit auditif externe
- l'oreille moyenne, contenant des osselets et séparée de la précédente par le tympan, une membrane fine, étanche et peu élastique. La Trompe d'Eustache est un conduit mou qui relie l'oreille moyenne au pharynx, dans l'arrière du nez
- l'oreille interne (cochlée) où les vibrations sonores sont transformées en influx nerveux avant d'être acheminées au cerveau. L'oreille interne est aussi le siège du sens de l'équilibre.

L'équilibrage de pression entre l'extérieur et l'oreille moyenne se fait par la trompe d'Eustache. Si pendant la plongée, les différences de pression de part et d'autre du tympan ne sont pas compensées, celui-ci peut se rompre.

À la descente, la pression de l'eau s'exerce vers l'intérieur de l'oreille et à la remontée vers l'extérieur. Une infection (rhume, etc.) peut empêcher aussi l' équilibrage.

Symptômes d'un barotraumatisme de l'oreille moyenne

Un mauvais équilibrage des pressions provoque une gêne douloureuse de plus en plus vive dans une ou les deux oreilles. La douleur est due à la traction du tympan mais ce stade est réversible sans séquelle. Si l'on n’intervient pas, le tympan peut se rompre, entraînant une irruption d'eau dans l'oreille moyenne avec surdité et parfois vertige, vomissements et syncope.

Dans certains cas, si le tympan ne se rompt pas en profondeur, un épanchement de liquide apparaît dans l’oreille moyenne pour compenser la dépression. À la remontée, la surpression dans l’oreille moyenne entraîne une gêne douloureuse et une surdité partielle.

Traitement des barotraumatismes de l'oreille moyenne

- Cesser toute plongée dans l'immédiat
- Voir un médecin O.R.L. afin de soigner l'éventuelle infection ou de réparer le tympan lésé..

Prévention des barotraumatismes de l'oreille moyenne

- Avant de plonger, consulter un O.R.L. pour rechercher une perforation du tympan, un bouchon de cire, une exostose, une mycose, etc. qui contre-indiquent provisoirement la plongée
- Ne pas plonger avec une infection des voies aériennes supérieures. Même un rhume banal peut entraîner des conséquences dramatiques en plongée
- Après une plongée en mer, rincer ses oreilles à l'eau douce et les sécher (Attention : ne pas utiliser de cotons-tiges !)
- Éviter les boules de coton dans les oreilles: elles gardent l'humidité, laissent des fils et favorisent la prolifération de mycoses et de microbes.
- Ne jamais plonger avec des bouchons auriculaires
- Ne pas forcer si les oreilles "ne passent pas"
- À la descente, effectuer fréquemment (tous les 1- 2 mètres, surtout près de la surface) et sans attendre que la douleur se manifeste, une des manœuvres d’équilibrage de la pression que l’on aura appris à pratiquer avant de plonger :

- Manœuvre de Frenzel : fermer la glotte, pousser la langue en arrière et vers le bas.
- Manœuvre de Delonca : tirer la mâchoire en avant.
-Béance tubaire volontaire (BTV), méthode " idéale " car confortable et non violente mais plus difficile à acquérir : élever le voile du palais et abaisser la mâchoire inférieure de façon à ouvrir "sur commande" les Trompes d'Eustache, un peu comme si l’on baillait sans ouvrir la bouche.

Nota bene 1 : La classique Manœuvre de Valsalva (se pincer le nez, fermer la bouche sur l’embout et expirer énergiquement) peut elle-même provoquer des lésions du tympan et des complications cardio-vasculaires. Elle est dangereuse et doit donc être évitée.
Nota bene 2 : A la remontée, la surpression dans l'oreille moyenne s'équilibre spontanément dans la grande majorité des cas. Ne jamais effectuer les manœuvres de Valsalva ou de Frenzel qui aggraveraient la surpression ! mais éventuellement une BTV ou une manœuvre de Toynbee (se pincer le nez et avaler sans pousser).

Les rares barotraumatismes de l’oreille externe seront traités au chapitre " Problèmes courants de santé ".


4. Les barotraumatismes des sinus

Bases anatomiques et physiologiques

Les sinus sont des cavités reliées aux fosses nasales par de minces orifices et dont l'utilité est incertaine (alléger la boîte crânienne?). Les plus importants sont les sinus frontaux et les sinus maxillaires.

En plongée, l'air contenu dans les sinus va se comprimer à la descente et se dilater à la remontée selon la loi de Boyle-Mariotte. Cela ne posera aucun problème, pour autant que les orifices soient perméables (ce qui n'est pas le cas lors d'un rhume, d'une sinusite ou, plus rarement, lors de certaines malformations locales).

Symptômes du barotraumatisme d'un sinus

Un mauvais équilibrage des pressions dans les sinus cause de vives douleurs dues à la compression ou à l'aspiration de la muqueuse. Celle-ci peut alors saigner, ce qui rééquilibre la pression et soulage parfois la douleur, mais amène du sang dans le masque, entraînant parfois de la panique.

Traitement du barotraumatisme d'un sinus

Il n'y a aucune manœuvre efficace à coup sûr pour équilibrer la pression dans un sinus. Parfois, un sinus récalcitrant " passe mieux " en tournant la face vers la surface. En cas d’insuccès, regagner tranquillement la surface en respectant les éventuels paliers.

Un traitement médical n’est pas nécessaire et la guérison survient généralement en quelques heures ou jours, sans séquelles.

Prévention du barotraumatisme d'un sinus

- Ne pas plonger si l'on est enrhumé


5. Le placage du masque

Mécanisme

Lors de la descente, la pression de l'eau qui s'exerce sur la vitre du masque écrase la jupe jusqu'à la limite de déformation. Au-delà, il y a dépression à l'intérieur et effet de ventouse sur la face.

Symptômes

Douleurs au niveau des yeux, du nez, parfois, saignement de nez. À la sortie de l'eau, on observe, mais rarement, une hémorragie (indolore!) dans le blanc de l'oeil ou une boursouflure plus ou moins importante de la peau du visage.

Traitement

Les symptômes régressent en quelques heures sans traitement particulier

Prévention

En descente, l'insufflation d'air dans le masque par le nez amène l'égalisation des pressions et évite le risque de placage, fréquent chez les débutants.

À la remontée, l'équilibrage se fait automatiquement car l'air peut s'échapper librement du masque.

REMARQUE : Lors d'une apnée, il faut également insuffler de l'air dans le masque. Plus le masque est grand plus il faudra d'air, d'où l'avantage de masques à volume réduit pour l'apnée.


6. L'accident dentaire

Mécanisme

Il peut arriver qu'une dent cariée comporte un orifice laissant entrer de l'air.

Comprimé à la descente, cet air va se dilater lors de la remontée et, si l'orifice de sortie est trop petit, provoquer une surpression à l'intérieur de la dent.

Symptômes

Une douleur très vive peut se manifester, voire même la fissuration ou l'éclatement de la dent.

Traitement

Remonter très lentement pour permettre à l'air sous pression de s'échapper sans provoquer de douleur. Consulter un dentiste par la suite.

Prévention

Faire entretenir régulièrement sa denture par un (bon) dentiste.


7. "La colique du scaphandrier"

Mécanisme

Les gaz stationnant dans l'intestin sont, eux aussi, soumis à la loi de Boyle-Mariotte et vont donc se dilater à la remontée en distendant l'intestin.

Symptômes

Douleurs abdominales, identiques à celles d'une colique. Si elles sont intenses, elles peuvent entraîner un malaise, voire une syncope.

Traitement

Remonter lentement pour favoriser le transit en douceur des gaz.

Prévention

Avant de plonger, éviter les boissons gazéifiées et les aliments favorisant la production de gaz (féculents, choux, etc.)

Éviter d'avaler de l'air en plongée,


8. Conclusion

Les accidents baro-traumatiques montrent bien la fragilité de l'homme en milieu subaquatique: la moindre négligence l'expose à des risques pouvant être mortels, mais tous évitables au prix de quelques précautions.


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